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#Hydrogène : Trois questions à Bruno Auvity
Dans le cadre de la sortie du UN Business Mag #2 spécial Hydrogène, nous avons posé trois questions à Bruno Auvity, enseignant-chercheur au laboratoire de thermique et énergie de Nantes (LTEN).
Avec votre collègue Christophe Josset, vous êtes spécialisés sur l’hydrogène au sein du LTEN. Quel regard portez-vous sur l’engouement actuel à l’égard de cette solution ?
B. Auvity : Attention ! L’hydrogène n’est pas la solution magique et unique aux problèmes d’énergie que connaît la planète. Je me méfie des trop belles histoires : l’hydrogène n’est certainement pas l’alpha et l’oméga que certains imaginent. Mais c’est une brique passionnante.
Avec Christophe Josset, nous articulons nos travaux avec des approches locales, pour tenter de desserrer des verrous scientifiques. La recherche amont est appliquée sur l’objet « Pile à combustible » (PAC), avec des approches systémiques autour des besoins de mobilités, des réseaux intelligents (smart grids) et des réseaux énergétiques. Dans ce domaine, les compétences du LTEN concernent la mécanique des fluides et la thermodynamique, autour de la pile à combustible à basse température.
Nous travaillons aussi avec des collègues électriciens du laboratoire IREENA sur les réseaux électriques intégrant des solutions de stockage à base d’hydrogène. Actuellement, nous étudions un projet de mutualisation des énergies sur des bâtiments de Nantes métropole, dans le cadre de leur rénovation.
Quels sont les principaux défis que vous devez relever, en tant que chercheur, autour de la pile à combustible ?
B. Auvity : Nous visons clairement un enjeu d’amélioration du dispositif. Nous souhaitons pouvoir maîtriser ou prédire les vieillissements des matériaux utilisés dans la fabrication des PAC. Aujourd’hui, très peu de fabricants s’engagent sur des durées de vie importantes. Désormais, nous réalisons des microcomposants en 3D, nous améliorons les performances, la compacité des piles à combustible. Ces avancées vont permettre d’améliorer la fiabilité des réseaux d’énergie. Ce que nous recherchons, c’est l’optimisation technico-économique : quelles sont les solutions techniques viables, les coûts associés, afin d’optimiser les systèmes ?
C’est tout le pari de la recherche que de mieux comprendre ces coûts et leur optimisation.
Quels sont selon vous les freins au développement de l’hydrogène dans nos sociétés ?
B. Auvity : Ce n’est pas un verrou technologique : je fais utiliser des PAC par des étudiants depuis 2005, ce sont des technologies connues et accessibles. Le verrou, il est plutôt au niveau de l’énergie elle-même : les hydrocarbures fossiles sont encore trop bon marché pour que les solutions alternatives soient rentables. Il faudrait par exemple introduire des mécanismes de compensation, avec une fiscalité adaptée.
Le principal challenge pour toutes les alternatives à l’énergie fossile, c’est la densité énergétique du stockage. Et c’est l’un des problèmes de l’hydrogène : comment augmenter la puissance délivrée en diminuant l’encombrement ? Je suis convaincu que l’hydrogène aura sa place dans un schéma global d’énergies multisourcées, mais ce n’est pas la seule et unique solution.
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Sommaire :
- (Pages 1-2) L’hydrogène, une énergie prometteuse qui cherche son modèle économique
- (Encadré) Un programme national à 7 milliards d’euros
- (Page 3) La cartographie nantaise
- (Pages 4-5) Du maritime à l’aéronautique, l’hydrogène nourrit les ambitions nantaises
- (Page 5) Les projets Estuaire et H2 Loire Vallée parient sur l’hydrogène vert
- (Page 6-7) Trois questions à Bruno Auvity (LTEN)
- (Encadré) Polyjoule : les étudiants nantais montent sur le podium
- (Page 8) Le regard des sciences sociales : L’hydrogène, une énergie récalcitrante
UN BUSINESS LIVE
A l'occasion de la sortie du magazine UN Business News "spécial hydrogène", retrouvez l'émission tournée en direct le 30/06/21 en replay sur YouTube.